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Τρίτη 16 Σεπτεμβρίου 2014

Les deux Grèces

Les deux Grèces, par Nikos Kaklamanis


 5 août 2014    
 dernière mise à jour le 8/09/2014 à 20h28

"Leur Grèce est celle de la richesse, de l'opulence, du gaspillage, de la légèreté ; une Grèce dont les symboles sont des fesses dénudées. Notre Grèce est celle de la dignité, de l'honneur, de la lutte, de la création ; une Grèce dont les symboles sont des gants de nettoyage. Pour que leur Grèce puisse continuer à s'amuser à Mykonos, ils ont détruit la nôtre. Voilà justement la raison du licenciement des femmes de ménage."


Charis Alexiou, place Syntagma, concert de solidarité envers les femmes de ménage
Charis Alexiou, place Syntagma, concert de solidarité envers les femmes de ménage

Άννα Βίσση: Η μεγάλη συναυλία στη Μύκονο

Anna Vissi à  Mykonos, le billet d'entrée coûtait 450€. 
Deux concerts différents se déroulent le même jour. L'un à Mykonos, sur la plage Super Paradise. L'autre sur la place Syntagma (Place de la Constitution) à Athènes, qui s'est remplie de monde après être restée déserte longtemps. À Mykonos c'est Anna Vissi qui chantait. Sur la place de la Constitution, c'est Charis Alexiou. À Mykonos, le billet d'entrée coûtait 450€. Place de la Constitution, l'entrée était gratuite. Anna Vissi chantait pour Messieurs Kostopoulos (ex-grand entrepreneur, qui contrôle de nombreux médias, ndlr) et Psinakis (personnalité connue du show-business, récemment entré en politique en tant que maire de la ville de Marathon, ndlr). Madame Alexiou, elle, chantait pour les femmes de ménage licenciées.
Voilà ce qu'on chantait à Mykonos :
Tu peux sortir ce soir avec toutes les traînées de la terre
Va de l'avant pour de nouveaux amours
Trouve des filles biens, que ta maman soit contente
Les filles médiocres au bûcher.
Voilà ce qu'on chantait place de la Constitution :
Son juste combat lui a beaucoup coûté
Mais la vie à engendré de nombreux espoirs.
Rien ne se perd dans ta vie perdue
Je ressuscite ton rêve et tous tes pourquoi.
Deux images qui révèlent, sans qu'aucun doute ne soit permis, qu'il n'existe pas une seule Grèce. Leur Grèce est celle de la richesse, de l'opulence, du gaspillage, de la légèreté ; une Grèce dont le symbole sont des fesses dénudées. Notre Grèce est celle de la dignité, de l'honneur, de la lutte, de la création ; une Grèce dont les symboles sont des gants de nettoyage. Pour que leur Grèce puisse continuer à s'amuser à Mykonos, ils ont détruit la nôtre. Voilà justement la raison du licenciement des femmes de ménage.
Il n'existe pas une patrie unique. Leur patrie, c'est un palais à Ekali (l'un des quartiers les plus huppés de la capitale, ndlr), un chalet au Mont Parnasse ou dans les Alpes, un yacht à Mykonos, un terrain de golf et un club de tennis. Notre patrie est constituée d'un appartement à Peristeri (quartier populaire de la capitale, ndlr), une cabane dans la montagne, un caïque à Amorgos, des terrasses couvertes de vignobles, et un terrain vague pour jouer au football.
Leurs compatriotes sont d'éminents magistrats de la ville de Patras, le propriétaire foncier deManolada et ses sbires, de nombreux et pieux chrétiens et de bons chefs de famille, innocents du sang versé. Nos compatriotes sont les travailleurs pakistanais qui travaillaient dans les champs de fraises, tous ceux de religion différente et dont la situation familiale est incertaine, coupables de désespoir et de pauvreté, qui se noient dans leur sueur et dans leur sang.
Leur Grèce est un vampire qui, afin de continuer à se vautrer dans le lucre, réduit les salaires, licencie des travailleurs, s'empare de maisons et d'entreprises, et force nos enfants à s'exiler à l'étranger.
De quels fronts nationaux et patriotiques parlent-ils ? Les oligarques, les banquiers, les grands entrepreneurs, les éditeurs, les industriels, leurs cadres, la sphère politique, ceux qui créent leur propagande, les amuseurs du peuple et leurs bouffons, la voilà leur patrie. Pour la sauver, ils détruisent les chômeurs, les salariés, les retraités, les travailleurs indépendants, les petites entreprises - notre patrie.
Les choses sont simples. À condition que le pouvoir ne brouille pas notre crise. À condition qu'on n'oublie pas nos origines, nos principes et nos valeurs.
source : rednotebook
traduction : Laura Neri / Okeanews